Bien qu’elle ne soit pas inscrite dans le code de la santé publique parmi les professions de santé, l’ostéopathie constitue bien une profession, au sens du droit européen, décliné dans le droit français. Elle répond du reste à la définition des professions libérales telles qu’adoptées dans l’article 29 de la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allégement des démarches administratives[1].
Son statut est donc celui d’une profession libérale à part entière, réglementée et dont l’accès est soumis à des conditions de diplôme et d’inscription auprès des autorités de tutelles. Par rapport à de nombreuses autres professions libérales, elle dispose de l’avantage économique substantiel de voir une partie de ses honoraires remboursés par les assurances maladies complémentaires. Cependant, en comparaison d’autres professions du même secteur économique, elle subit une distorsion de concurrence dès lors que les autres prestataires voient leurs honoraires mieux couverts par l’assurance maladie obligatoire et les assurances maladies complémentaires. Pour autant le développement de l’ostéopathie reste régulier.
Progressivement, notre profession voit les distinctions avec les autres professions du champ de la santé disparaître. Sa formation a été singulièrement relevée en 2014 – tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif – et un décret est venu autoriser la circulation de l’information entre les différents professionnels intervenant auprès d’un patient, comprenant les ostéopathes, en 2016.
Les ostéopathes devront s’interroger sur les objectifs qu’ils se fixent en termes de statut et de périmètre. Ils devront également explorer les diverses voies et stratégies disponibles pour atteindre les objectifs définis. Ces questions doivent faire l’objet d’un large débat éclairé sur les nombreux enjeux directs et indirects.
Parmi ceux-ci, deux questions doivent être rapidement tranchées, afin qu’un mandat clair soit délivré aux dirigeants de la profession :
Quelques soient les réponses à ces questions, différentes voies permettront de consolider notre profession. Le SFDO s’y engagera en respectant le mandat que ses membres lui auront délivré.
De nombreuses discriminations existent, faisant obstacle à l’exercice des ostéopathes exclusifs. Trois d’entre elles méritent un éclairage particulier :
Dans certains cas, les résistances sont plus politiques et/ou corporatistes que juridiques. Les professions de santé – au premier rang desquelles les médecins et les masseurs-kinésithérapeutes – utilisent leurs ordres professionnels et leurs syndicats professionnels pour exercer de multiples pressions sur les directions des ressources humaines ou les directions de fédération afin d’obtenir l’éviction des candidats ostéopathes exclusifs. Cette situation n’est pas acceptable et le SFDO agit pour faire valoir les droits des ostéopathes et faire évoluer les freins législatifs.
Maintenir et améliorer une image positive de l’ostéopathie auprès du public tout en garantissant la qualité et la sécurité des soins ostéopathiques constituent parmi les priorités du SFDO. Les pratiques professionnelles doivent être alors en permanence questionnées et différents leviers permettant de les améliorer doivent être utilisés et/ou envisagés. Les différents éléments développés dans ce projet seront la formation continue, la déontologie professionnelle et les moyens permettant de la rendre opposable, ou encore la recherche scientifique, fondamentale, clinique, ou appliqué à une évaluation de la sécurité des soins.
Le niveau d’exigence relatif à la formation en ostéopathie s’est singulièrement accru avec la réforme du dispositif de formation publié en 2014-2015. Pour autant, du fait de décisions judiciaires défavorables ayant amoindri le pouvoir régulateur de l’Etat et de possibles insincérités dans différents dossiers de demande d’agrément, la qualité des établissements de formation reste inhomogène. Contribuer à l’émergence d’une offre de formation de qualité demeure un objectif central du SFDO.
Au-delà de la qualité des établissements de formation, l’efficacité des procédures pédagogiques demeure un enjeu essentiel. En effet, l’ostéopathie n’occupe aujourd’hui qu’une partie limitée de son champ thérapeutique potentiel. L’exploration de nouveaux domaines d’application suppose un haut niveau de compétence des praticiens, qui doivent bénéficier d’une transmission efficace des savoirs – notamment palpatoires et cliniques. Le SFDO souhaite continuer à contribuer, dans la mesure des possibilités, au progrès des techniques pédagogiques dans le champ de l’ostéopathie (rappelons que le SFDO était déjà partie prenante du référentiel « agir avec compétence » de Jacques Tardif).
Les ostéopathes subissent potentiellement différentes insécurités. Cela concerne un premier aspect juridique, liée d’une part aux interdictions/restrictions d’actes portant sur les manipulations cervicales, sur les manipulations des nouveau-nés, ainsi que sur les touchers pelviens ; et d’autre part à l’absence d’organisme d’indemnisation des victimes d’accident lié à des soins ostéopathiques. Par ailleurs, de nombreux ostéopathes connaissent des manques de cotisation retraite lié à l’affiliation récente de la profession à la Caisse Interprofessionnelle d’Assurance Vieillesse (CIPAV). Enfin, le développement de réseaux de soins nécessite une forme d’accompagnement et de contrôle pour prévenir des dérives potentielles. Dans les différents cas, ces insécurités doivent être traitées.
Certains observateurs font état d’une situation économique difficile de certains ostéopathes. Une évaluation à partir de données objectives et plurielles semble cependant nécessaire. Il appartient également au SFDO d’œuvrer pour permettre au plus grand nombre de professionnels de vivre de leur métier. Pour cela, le syndicat reste engagé pour favoriser l’accès au soin au plus grand nombre, et pour réguler quantitativement la formation des ostéopathes.
Il existe aujourd’hui deux types de migrations professionnelles :
De nombreux ostéopathes français souhaitent migrer vers d’autres états, européens ou non. Il convient d’aider ces praticiens à réaliser leurs souhaits.
Par ailleurs, de nombreux confrères et consœurs souhaitent mette leur compétence à profit pour exercer une autre profession ou accéder à une autre qualification. Cependant, l’absence de grade universitaire et le caractère hautement professionnalisant de la formation des ostéopathes constituent un frein important à cette migration. Il convient de réfléchir aux conditions susceptibles de faire évoluer cette situation.
[1] « Les professions libérales groupent les personnes exerçant à titre habituel, de manière indépendante et sous leur responsabilité, une activité de nature généralement civile ayant pour objet d'assurer, dans l'intérêt du client ou du public, des prestations principalement intellectuelles, techniques ou de soins mises en œuvre au moyen de qualifications professionnelles appropriées et dans le respect de principes éthiques ou d'une déontologie professionnelle, sans préjudice des dispositions législatives applicables aux autres formes de travail indépendant. »