Historiquement préoccupée par l’émergence d’une nouvelle profession dont le champ de compétence présente quelques espaces d’intersection avec le sien, la profession de masseur-kinésithérapeute cherche à entretenir la confusion entre ces disciplines, prétendant que le geste ostéopathique est très proche du geste kinésithérapique et niant toute distinction conceptuelle.
Les conditions d’accès des masseurs-kinésithérapeutes au diplôme d’ostéopathe – les dispenses de formation – font partie des enjeux centraux de cette confusion.
Celles-ci sont aujourd’hui fixées par l’arrêté du 12 décembre 2014 relatif aux dispenses d’enseignement susceptibles d’être accordées en vue de la préparation au diplôme permettant d’user du titre d’ostéopathe, négociée âprement sur la base du dispositif de formation des masseurs-kinésithérapeutes alors en vigueur.
Celui-ci fixe de 1834 à 1892 le nombre d’heures nécessaires à un masseur-kinésithérapeute pour devenir ostéopathe, selon qu’il a effectué ou non une première année de formation scientifique (dont la première année commune aux études de santé (PACES).
Dans un premier temps et d’un mouvement commun, l’Ordre National des Masseurs-Kinésithérapeutes, le Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs et la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs ont formé un recours en annulation de cet arrêté devant le Conseil d’État.
Ce dernier en a rejeté la requête par une décision en date du 23 mars dernier, écartant le moyen soulevé par les requérants selon lequel des « enseignements similaires sont déjà dispensés au cours de la formation de masseur-kinésithérapeute » en argumentant que « compte tenu de la nécessité, d’une part, d’assurer la mise à jour des enseignements antérieurement reçus et, d’autre part, des spécificités des manipulations en ostéopathie, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que l’arrêté attaqué serait entaché sur ce point d’une erreur manifeste d’appréciation ».
Concomitamment au printemps 2015, les organisations professionnelles de masseurs-kinésithérapeutes procédaient avec le ministère de la santé à la réingénierie de leur formation, aboutissant, à l’instar des ostéopathes avant eux, à un référentiel activités, compétences et formation, pour un niveau de diplôme fixé à 4 ans après la PACES.
De nouvelles négociations relatives aux dispenses d’enseignement des masseurs-kinésithérapeutes en vue de l’obtention du diplôme d’ostéopathe furent en conséquence initiées par le ministère de la santé.
Á l’issue d’une première réunion le 1er décembre entre représentants des masseurs-kinésithérapeutes et de l’administration, une proposition de volume horaire à 1316 heures de formation fut transmise le 20 décembre aux autres organisations représentatives des ostéopathes en vue d’une réunion du groupe de travail fixée au 20 janvier.
Réunis en urgence le 13 janvier, les représentants de l’Unité Pour l’Ostéopathie élaborèrent alors une contre-proposition sous la forme d’un tableau documenté, issu d’une comparaison rigoureuse entre les deux référentiels.
L’UPO proposait que la formation des masseurs-kinésithérapeutes soit fixée à 2130 heures au minimum.
Jean-Pierre Guillaume et Philippe Sterlingot pour le Syndicat Français des Ostéopathes défendirent le 20 janvier ces positions.
Á l’issue de discussions très débattues, un accord intermédiaire fut établi, dans l’attente d’une ultime réunion de validation pour laquelle les masseurs-kinésithérapeutes devaient apporter des arguments complémentaires en vue de diminuer encore ce niveau d’exigence. Les représentants de l’UPO considèrent pour leur part qu’il s’agissait là du niveau strictement minimal acceptable.
Afin de bien démontrer la distinction entre les deux disciplines, l’UPO élabora et transmit le 14 mars une note de synthèse de 23 pages à l’administration.
Cette réunion d’arbitrage initialement prévue le 23 mars fut reportée au 13 avril, puis à nouveau reportée quelques jours avant la date. Le prochain rendez-vous, annoncé aux participants le 26 avril, est fixé au 12 mai.
Cette dernière phase est pourtant centrale en ce qu’elle concerne l’homogénéité des niveaux de formation et de compétence des futurs diplômés en ostéopathie, qu’ils soient issus du baccalauréat ou du D.E.M.K.
Elle est ainsi essentielle pour la garantie de la qualité et de la sécurité des soins des futurs diplômés de 4 centres de formation très majoritairement dédiés à la formation des masseurs-kinésithérapeutes, et de 6 centres dédiés à la fois aux masseurs-kinésithérapeutes et aux bacheliers.
Son enjeu politique enfin ne peut être négligé, car du niveau de distinction entre nos professions doit découler naturellement la longueur et la nature du cursus pour accéder de l’une à l’autre.
L’Unité Pour l’Ostéopathie est la seule organisation à avoir été en mesure de produire des contributions écrites au cours de cette négociation pourtant centrale en ce qu’elle concerne l’homogénéité des niveaux de formation et de compétence des futurs diplômés en ostéopathie, qu’ils soient issus du baccalauréat ou du D.E.M.K.
Paris, le 28 avril 2016,
Le Conseil d'Administration